Comme beaucoup d’artiste, Ernesto Muñiz s’inspire de ce qu’il vit, du monde qui l’entoure. Depuis qu’il réside à Madrid, Ernesto Muñiz utilise des livres et des magazines très différents de ceux qu’il peut trouver au Mexique ou à Londres où il a également vécu pendant quelques années. C’est donc en toute logique qu’il s’est penché sur l’œuvre littéraire espagnole par excellence, la plus lue après la Bible : « Don Quichotte, l’homme de la Mancha » de Miguel de Cervantes.

Pour créer ce collage époustouflant intitulé « Ladran, Sancho, señal que cabalgamos » (trad, Les chiens aboient Sancho, c’est le signe que nous avançons), Ernesto Muñiz a utilisé de nombreuses références littéraires et artistiques. Voici un petit survol sur son périple dans l’espace-temps de cette œuvre littéraire monumentale.

L’illustration de Don Quichotte et de son écuyer Sancho qu’Ernesto Muñiz a utilisée dans ce collage, est l’œuvre de Jesús De La Helguera, un peintre et illustrateur Mexicain mondialement connu. 

Dans l’œuvre, on peut remarquer que Don Quichotte est armé d’un crayon au lieu d’une lance. Il n’y a en effet pas de meilleure arme que l’écriture, l’homme doit développer, utiliser et développer son savoir qui est toujours sa meilleure protection, sa meilleure arme. Ernesto Muñiz a remplacé le bouclier de Don Quichotte par une horloge, référence directe au temps périmé dans lequel notre héro vit son délire de chevalerie, à sa longue errance… 

A la droite de Don Quichotte, on retrouve Sancho, son fidèle écuyer et ami. Il chevauche son âne, Rucio, qui est élevé par un ange. Sancho tient dans ses mains la lune, référence directe au Chevalier de la blanche Lune qui a désarçonné et jeté dans la poussière notre Don Quichotte. Forcé d’abandonner sa quête à la suite de cette défaite, notre héro doit retourner à son village où il va bientôt mourir, après avoir retrouvé sa lucidité. 

Autour des deux personnages principaux, dans la partie inférieure du collage, on aperçoit quelques chiens qui suivent les traces de nos héros. C’est une illusion directe à une phrase faussement attribuée à Don Quichotte « Ladran, Sancho, señal que cabalgamos » titre du collage et qui est aujourd’hui largement utilisée pour indiquer que quelque chose ou quelqu’un avance malgré les critiques, les obstacles et les problèmes qui peuvent survenir.

Sur le côté gauche de Don Quichotte, on voit une femme au torse nu. Il s’agit de Dulcinée, l’incarnation de la beauté et de la vertu dans l’esprit de Don Quichotte. Au fond à gauche, on aperçoit l’un des moulins à vent que Don Quichotte a confondu avec des géants aux bras longs.
Dans le ciel, nous observons des montgolfières, elles symbolisent le désir de s’élever dans le ciel et l’heureuse quête de Don Quichotte, idéaliste passionné et nourri d’illusion romanesque.

Enfin, tout en haut, on reconnait le Christ de saint Jean de la Croix, peint par Salvador Dalí en 1951. Le Christ fait référence à l’ouvrage de Miguel de Unamuno intitulé « Notre Seigneur Don Quichotte », un hymne à la folie divine de Don Quichotte dans lequel Unamuno ne voyait rien de moins que la représentation moderne du Christ.