Pour David Noalia, le cheval est un thème universel, c’est un sujet « essentiel ». Le peintre sévillan a choisi de se concentrer exclusivement sur les chevaux andalous de race pure qui sont étroitement liés à sa ville natale depuis des milliers d’années. Originaire de la péninsule ibérique, le cheval andalou que David Noalia chérit pour « son élégance et sa puissance » extraordinaires, représente à lui seul l’essence de l’Espagne dans ce qu’elle a de meilleur: la passion, la couleur et le drame. Ces chevaux sont apparus pour la première fois dans des peintures rupestres de l’âge de pierre il y a environ 30 000 ans, tandis que Velázquez les a représentés montés par l’armée royale espagnole au cours du 17e siècle. Il y a là aussi un lien personnel pour David : “Enfant, j’étais ébloui par les magnifiques chevaux qui ornent les foires et les fêtes de Séville, notamment la Feria en avril et la Romeria de El Rocio, un pèlerinage de la Pentecôte en juin qui attire des millions de touristes”.

Le cheval, contrairement à d’autres animaux tels que les taureaux ou les fauves a également ceci de particulier qu’il est dominé par un cavalier. Mais l’artiste a choisi de s’intéresser seulement à l’animal : “Quand il s’agit de le reproduire, le cavalier est impersonnel, il y a les rênes qui marquent la domination, mais la figure du cavalier est presque imperceptible. Je paralyse l’image, je me concentre sur un point et je déconstruis l’instantané : quand vous atteignez le cavalier, la figure est déjà décomposée”.

David commence une peinture en étudiant des films de chevaux en mouvement, en s’arrêtant aux moments qui l’intéressent le plus et en développant un dessin à partir de là. “J’aime utiliser la technologie de pointe, mais en même temps peindre comme les anciens maîtres.” En plus de citer des artistes espagnols légendaires tels que Sorolla et Velázquez, David fait également l’éloge de la “fraîcheur de Gerhard Richter”. Poussé à s’étendre sur ce sujet, il souligne les qualités abstraites du peintre allemand, son “utilisation expressive de la couleur… [et] ses coups de pinceau courageux et énergiques”.

Par ailleurs, dans son travail artistique, la figuration et l’abstraction coexistent, la première comme base, la seconde comme aspiration. Cette conversation entre les deux plans est en friction continue, car dès que le regard reconnaît la figure, l’équilibre penche vers elle, mais la vocation d’insinuer et d’évoquer à travers des traces et des taches dans une nébuleuse qui contient le tout, survit toujours. “C’est une façon de peindre qui est très proche de notre culture, des mœurs contemporaines”, dit David Noalia, qui attribue également à son travail des traits expressionnistes et impressionnistes.

Les œuvres de David sont caractérisées par des éclairs de couleurs, qui sont ajoutés vers la fin du processus. “C’est le moment où j’abandonne la logique”, admet-il. “Ma technique devient spontanée, impulsive. Le courage et la créativité prennent le dessus, ainsi que le besoin d’exprimer une manière authentique d’être, de sentir et de penser”.

Il lui a fallu du temps au cours de sa carrière pour acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour travailler de cette manière, même si aujourd’hui il dit que c’est intuitif et que ces gestes physiques sont une partie essentielle d’un tableau fini. C’est, dit-il fièrement, “un désordre ordonné”.